Évolution & manques à gagner de patientèle pour les chirurgiens-dentistes : analyse 2024-2025
Introduction
Depuis plusieurs années, la profession dentaire en France note des changements dans la fréquentation des cabinets. Ces évolutions sont liées à plusieurs phénomènes : rendez-vous non honorés (“lapins”), renoncement aux soins, délai d’accès, coûts des soins, etc. Ces facteurs entraînent non seulement des pertes financières pour les praticiens mais aussi un alourdissement organisationnel et une perte de chances de santé pour les patients.
Cet article examine les données récentes (2023-2024), identifie les manques à gagner potentiels pour les dentistes, discute des causes, puis propose des pistes pour limiter ces pertes en 2025.

1. Données récentes : ce que montrent les statistiques
Voici les chiffres les plus pertinents pour comprendre la situation actuelle :
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En 2024, le taux de rendez-vous non honorés (“pas venu, pas prévenu”) pour les chirurgiens-dentistes était de 4,7 %, en baisse par rapport à 6,2 % en 2023. Le Figaro+3dynamiquedentaire.com+3editionscdp.fr+3
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Le phénomène touche davantage de nouveaux patients. Le taux de non-présentation chez les patients qui prennent rendez-vous pour la première fois demeure élevé, bien que lui aussi en légère baisse. Dentaire365+2editionscdp.fr+2
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Les centres de santé présentent des taux de rendez-vous non honorés plus élevés que les cabinets libéraux : environ 6,1 % pour ces centres, contre 2,8 % pour les libéraux. dynamiquedentaire.com+1
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Le remplacement des rendez-vous annulés tardivement (moins de 48 h avant) reste partiellement effectif : pour les dentistes, le taux de remplacement est autour de 49 % en 2024 — cela signifie qu’un rendez-vous annulé tardivement ne pourra pas toujours être remplacé, générant une plage perdue. Dentaire365+2editionscdp.fr+2
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Par ailleurs, le renoncement aux soins est un facteur de perte de patientèle : selon une enquête, 54 % des Français n’ont pas consulté de dentiste au cours des deux dernières années. dynamiquedentaire.com
2. Les manques à gagner : ce que cela représente pour un cabinet
Ces phénomènes se traduisent par des pertes concrètes pour les cabinets dentaires, tant en revenus directs qu’en efficacité.
2.1 Perte de revenus liés aux rendez-vous non honorés
Chaque rendez-vous non honoré est une perte de chiffre d’affaires immédiate. Pour les actes simples (consultation, détartrage, soins conservateurs), mais aussi pour les actes plus lourds (prothèses, orthodontie, chirurgie) où le matériel, la préparation, l’assistant, etc., sont mobilisés.
Par exemple, si un cabinet dentaire effectue 1000 rendez-vous par an et applique un taux de non-présentation de 5 %, cela représente 50 rendez-vous perdus. Si un rendez-vous vaut, disons, 80-100 €, cela peut représenter 4 000-5 000 € de chiffre d’affaires manquant par an, rien que sur les absences. Et on ne compte pas les coûts fixes (personnel, charges, matériel) déjà engagés.
2.2 Perte d’opportunité de patientèle
Le temps libéré par un “lapin” n’est pas toujours comblé. Comme vu, le taux de remplacement des annulations tardives est d’environ 49 % pour les dentistes. Cela signifie que plus de la moitié des plages annulées tard ne sont pas réutilisées. Ces créneaux perdus ne peuvent pas être facturés, ce qui augmente le coût d’exploitation par patient réalisé.
2.3 Renoncement aux soins : un potentiel patient perdu
L’enquête montrant que 54 % des Français n’ont pas consulté de dentiste sur deux ans indique un vivier de patients potentiellement perdus. Ces personnes pourraient devenir patientes si l’accès, le coût, ou la confiance change. Jusqu’à ce que cela soit le cas, le cabinet ne bénéficie pas de cette patientèle.
2.4 Coûts d’organisation & d’exploitation
Les effets indirects ne doivent pas être sous-estimés :
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Temps perdu (préparation, personnel mobilisé à vide)
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Désorganisation (réagencement des horaires)
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Perte d’efficacité (plus d’intervalles inutilisés)
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Coût du rappel de rendez-vous (SMS, appels)
3. Causes principales de la perte de patientèle
Identifier les causes permet de mieux cibler les solutions :
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Rendez-vous non respectés sans annulation — oubli, incivilité, urgence imprévue.
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Coût des soins dentaires — pour beaucoup, des tarifs restent élevés ou mal remboursés.
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Renoncement aux soins — pour raisons économiques, peur, manque de temps, ou méconnaissance. dynamiquedentaire.com+1
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Accessibilité — délais, distance, densité de praticiens dans certaines zones.
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Comportement des nouveaux patients — moins engagés, moins habitués aux suivis, plus susceptibles de ne pas venir.
4. Évolution observée et attentes pour 2025
À partir des données 2023-2024, on peut observer quelques tendances :
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Le taux de rendez-vous non honorés diminue légèrement, ce qui peut indiquer une meilleure sensibilisation ou des mesures de rappel plus efficaces.
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Le remplacement des rangs annulés tardivement progresse, mais reste moins bon chez les dentistes que pour d’autres professions.
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Le renoncement aux soins reste élevé, donc le potentiel de patientèle non captée reste important.
Pour 2025, les dentistes peuvent s’attendre à :
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Une baisse modérée supplémentaire des rendez-vous non honorés si les pratiques de rappel et de confirmation sont renforcées.
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Potentiellement plus de patients “de rattrapage” venant après une longue période sans consultation, si les campagnes de prévention ou d’information sont efficaces.
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Des pertes de patientèle moins marquées pour les cabinets proactifs, plus fortes pour ceux qui ne s’adaptent pas (zone, coût, communication).
5. Recommandations pour limiter les pertes et optimiser la patientèle
Voici des actions concrètes que les dentistes peuvent adopter pour réduire les manques à gagner :
| Recommandation | Description / Action |
|---|---|
| Optimiser les rappels | Multipliez les rappels via SMS, e-mail, appel, notifications. Rappel la veille + 2 h avant le RDV. |
| Confirmation active | Demander une confirmation (réponse) du patient. Pour nouveaux patients, confirmation obligatoire. |
| Politique d’annulation stricte | Définir une politique claire (délai d’annulation minimal, frais ou pénalité symbolique) dans le respect du cadre légal. |
| Gestion intelligente de l’agenda | Prévoir des plages tampons, listes d’attente pour combler les désistements, réutiliser les plages annulées. |
| Accessibilité & flexibilité | Offrir des horaires adaptés, consulter des lieux plus proches, proposer des facilités de paiement si possible. |
| Communication & éducation | Informer les patients de l’importance de venir ou de prévenir, sensibiliser sur les coûts cachés des absences. |
| Suivi des indicateurs | Mesurer les taux de non-présentation, les plages non comblées, les renoncements. Analyser selon type de patient, jour, heure. |
6. Conclusion
La perte de patientèle due aux rendez-vous non honorés, au renoncement aux soins ou à l’accessibilité reste un enjeu réel pour les chirurgiens-dentistes. Bien que les statistiques récentes montrent une légère amélioration, les manques à gagner financiers, organisationnels et de santé publique demeurent importants.
Pour les cabinets qui veulent rester compétitifs et efficaces, l’année 2025 pourrait être celle de la consolidation : renforcer les mécanismes de rappel, responsabiliser les patients, améliorer l’accès et adapter les pratiques. Ceux qui le feront auront non seulement une meilleure rentabilité, mais aussi une patientèle plus fidèle, plus régulière — ce qui est une des clés de la pérennité en dentisterie.
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